Pour ce dernier article

(le seul que je voulais vraiment écrire, mais il fallait que je le prépare !)

je vais être bref et le plus simple possible.

 

Le vent, c'est quoi ?

De l'air qui se déplace, plus ou moins vite, d'un endroit vers un autre.

Pourquoi ?

Parce qu'en un endroit il est sous pression, et qu'en un autre il l'est moins.

Alors tout naturellement l'air se déplace des Hautes Pressions vers les Basses Pressions.

Exactement comme l'eau, dans les vases communicants, passe du plus rempli au moins rempli.

 

 Le mistral est donc, tout d'abord, un vent ordinaire

qui obéit comme tous les vents aux mêmes lois de la physique :

écoulement d'air  d'une haute pression vers une basse pression.

 

 

 

 

Mais le mistral est un vent particulier, lié à des conditions géographiques :

il descend la vallée du Rhône de Lyon jusqu'à Marseille,

s'élargissant en Provence et dans le Languedoc,

puis allant se perdre en Méditerranée, parfois jusqu'en Sardaigne.

 

Quelles sont les conditions de son déclenchement ?

C'est très simple :

il faut et il suffit que des hautes pressions soient présentes sur la France,

et que des basses pressions existent sur la Méditerranée.

(zone Ouest de la Méditerranée).

Si la différence des pressions est suffisante, le vent se déclenche.

 

Un anticyclone sur l'hexagone peut faire l'affaire.

Il peut être beaucoup plus large qu'indiqué sur cette carte,

s'étendre au proche Atlantique, à la mer du Nord, à toute l'Europe,

et couvrir la totalité des côtes languedociennes et provençales

et même la partie littorale de la mer,

mais il faut surtout q'une dépression se creuse en pleine  Méditerranée.

 

Pourquoi une dépression peut-elle se creuser en Méditerranée ?

Le soleil en est l'unique cause,

exactement comme il crée la dépression équatoriale permanente.

 

 

Alors se produit une aspiration de l'air vers les hauteurs du ciel :

la pression atmosphérique au niveau de la mer baisse : une dé-pression s'amorce et se développe.

 

Vous allez, je le sens, me faire plusieurs objections.

 

Tout d'abord le soleil peut chauffer tout aussi violemment le sol de l'hexagone,

et au-dessus de lui va donc s'élever de l'air chaud...

ce qui va créer aussi une baisse de la pression atmosphérique au niveau du sol.

Oui, c'est vrai, mais l'air qui s'élève au-dessus de la Méditerranée est beaucoup plus humide,

et il va constituer un moteur ascensionnel bien plus puissant :

un véritable moteur qui est un moteur thermique à eau !

Le même que celui qui fonctionne en permanence à l'équateur.

Je ne vous en ai pas expliqué le fonctionnement, non pas parce que c'est top-secret,

mais parce que cela aurait été beaucoup trop long.

Nous en reparlerons peut-être une autre fois. 

 

Le résultat est qu'une pression atmosphérique plus basse va apparaître au-dessus de la mer.

Un "appel d'air " va se produire pour remplacer l'air méditerranéen qui monte avec une grande vigueur 

et des masses d'air vont se déplacer du Nord vers le sud ( pour compenser ce vide )

de la terre vers la mer.

 

 

 

 

 

Deuxième objection possible (je la sens venir !) :

lors de cet épisode caniculaire dont nous sortons à peine (pour le Sud de la France)

le soleil a été très violent et l'eau de la mer a beaucoup chauffé :

pourquoi donc ce fameux moteur  thermique à eau n'a pas fonctionné ?

 

L'unique empêchement fut l'anticyclone des Açores qui a été cette année très fort, très large, monstrueux,

et qui s'est étendu très haut vers le Nord,

recouvrant de ses larges ailes à la fois  l'Europe occidentale et toute la partie Ouest de la Méditerranée.

Cet immense anticyclone (bien plus grand que ce qu'indique mon dessin!)

a recouvert toute cette zone comme une cloche mortifère,

l'a écrasée de ses masses d'air chaud et sec.

 

 

 

Nous nous sommes donc  trouvés ces jours-ci dans la même situation

que celle où se trouve le Sahara tout au long de l'année.

Si cette situation devait durer, notre pays à son tour deviendrait un désert, c'est une certitude.

 

(Mon dessin est incorrect !

l'anticyclone englobait aussi toute l'Afrique du Nord et toute l'Afrique saharienne ! ) 

 

Or, nous l'avons vu : quand l'anticyclone déverse toute sa puissance,

toute tentative de l'air chaud de monter à partir du sol est gommée,

aucune dépression ne peut donc se développer, même au-dessus d'une mer.

Imaginez un ballon gonflé d'air chaud : il voudrait bien monter

mais si une dalle de béton est posée sur lui, il ne peut pas même monter d'un centimètre !

 

 

 

 

 

 

J'écris ces lignes lundi 27 juillet , il est 15 H 51.

Ici (et en ce moment) le temps est sous l'influence d'une perturbation (pluie froide),

donc en bordure d'une dépression atlantique qui a réussi à pénétrer dans le Nord de l'hexagone.

Les conditions ne semblent donc pas encore bien réalisées pour que le Mistral se mette à souffler.

 

Pour ceux qui comme moi veulent comprendre le mieux possible ce qui se passe, je vais faire 2 petits tableaux :

l'un illustrant une situation qui interdit la naissance du Mistral,

et ce fut le cas durant cette canicule,

l'autre illustrant une situation qui, à l'opposé, en provoque l'apparition.

 

Premier tableau :

Anticyclone A , large, puissant, s'étendant très au Nord

 

 

 

Sous la cloche de l'anticyclone, en son vaste centre, plus rien ne bouge.

Pendant de trop nombreux jours nous sommes restés sous cette cloche

qui faisait mine de vouloir rester là toute une éternité !

Elle remontait au Nord jusqu'à la Manche, peut-être même jusqu'à la mer du Nord. 

 

 

 

Voyons maintenant le deuxième tableau.

L'anticyclone est centré plus bas : sur le Sahara, et même sur l'Afrique du Nord.

Mais pas sur la Méditerranée.

 

 

 

Regardez ce qui se passe en  B  .

De l'air dévale les pentes de l'anticyclone : il est très chaud et très sec.

Il va être comme appelé par le vide d'air qui se produit sur la mer.

Il passe sur des eaux déjà chaudes, mais les échauffe encore plus.

Une évaporation très intense se produit et l'air nouvellement arrivé ne tarde pas à être très humide.

Il va à son tour être happé dans la cheminée et grimper vers les hauteurs du ciel ( D )

ainsi la baisse de pression atmosphérique  est entretenue.

 

Passons sur le continent européen.

L'air qui le recouvre est à une pression élevée par rapport au creux qui est apparu  en Méditerranée,

aussi il va lui aussi être attiré vers le Sud

et voilà : le Mistral se met à souffler   !

C

Nous parlons ici du Mistral d'été.  

Nous voyons bien qu'il est directement  tributaire du soleil : 

il souffle avec le maximum d'intensité tant que le soleil est haut dans le ciel

et donc porte à son maximum l'évaporation en Méditerranée.

Quand le soleil descend le mistral s'affaiblit.

On dit que le Mistral  " monte avec le soleil et descend avec lui ".

On dit aussi que c'est un mistral  " à la journée ".

L'hiver prochain, si vous le voulez , nous parlerons du Mistral d'hiver.

Il est bien différent dans son mécanisme

et nous verrons pourquoi il peut durer, dit-on, 3, 6 ou 9 jours !

 

 

 

 

 ***

  

 

Je voulais terminer aujourd'hui, mais ce serait trop long

et je ne veux pas abuser de votre attention !

Alors il y aura un N° 8 !

 

Je vous y présenterai quelques photos pour concrétiser

la force extraordinaire de ce vent (pourquoi est-il si violent ?)

 

mais aussi ses bienfaits, et sa beauté.

 

 

***

 

 

 

 

 

 

 

 

Vous devez vous dire que j'ai complètement oublié le motif qui m'a fait commencer ce récit !

Je me le dis aussi, et je vois bien que, si je continue ainsi, dans une année, je n'ai pas fini.

 

Alors je vais abréger !

 

Mais tout de même, nous avons éclairci quelques notions qui vont nous être utiles.

Et quel beau voyage ! Reprenons ce dessin de l'anticyclone des Açores.

 

 

 

 

Ne faites pas trop attention à sa position exacte dans l'Atlantique : elle change tout au long de l'année,

monte vers le nord en été, descend vers le sud en hiver, mais plus ou moins, 

glisse plus ou moins vers l'Ouest, ou vers l'Est,

certaines années cet anticyclone est faiblard, d'autres fois il enfle d'une façon déraisonnable,

et toutes ces variations ne semblent pas prévisibles d'une année sur l'autre.

Nous ne pouvons que les subir, et par exemple supporter cette année une canicule bien prolongée.

 

Mais voyez comme c'est pratique ... si vous avez un voilier ( et un peu de chance )  :

il va vous suffire de vous avancer dans l'Atlantique, de descendre, et là...en route Simone,

vous vous trouvez sur une sorte de manège qui va vous descendre vers le tropique du cancer,

puis s'incliner de plus en plus sur la droite 

... sur la droite, c'est-à-dire vers l'Ouest, vers l'arc des Antilles !  

Elle est pas belle la vie ?

Et quand vous aurez terminé vos vacances... à Ste-Lucie, à St-Martin, ou aux Îles vierges,

le manège circulaire vous attend, à votre disposition pour le retour  :

vous prendrez place cette fois dans les vents anticycloniques qui remontent vers le Nord

(on ne les appelle plus cette fois " alizés " )

qui vont gentiment, pour vous,   s'incliner toujours sur la droite, ce qui veut dire cette fois vers l'Europe.

 

C'est le chemin que Christophe Colomb a pris, aller et retour, en 1492.

Histoire à la fois merveilleuse et terrible

puisque cela devait aboutir à  l'anéantissement total du peuple Caraïbe !

Un peuple amical, accueillant, pacifique.

Un jour peut-être je vous parlerai de cet impardonnable et monstrueux génocide. 

 

 

`

 

Mais pas ce jour.

Je vous avais dit aussi que je vous parlerais de ce que deviennent les vents

qui, descendant le pilier Nord de la cellule de Hadley, se dirigent vers le Nord.

En deux mots, voici.

Ils vont se heurter à des vents glacés qui descendent du Pôle Nord ! 

 

Ainsi l'anticyclone des Açores ne règne pas en maître incontesté sur l'Atlantique.

Le heurt de ces vents opposés provoque l'apparition de ce que nous appelons

les "perturbations atlantiques" : 

très jolies figures de ballet où s'enroulent des dépressions qui elles aussi

vont suivre le même chemin que celui des voiliers qui reviennent des Antilles, c'est-à-dire

d'Ouest en Est.

Ces dépressions se forment à proximité de Terre-Neuve, et traversent l'Atlantique en 4 à 5 jours.

 

L'été, l'anticyclone des Açores se situant  haut vers le Nord,

ces trains de dépressions, repoussés au Nord arrosent le grand Nord de l'Europe,

et la France a de fortes chances, comme cette année, de rôtir sous un ciel implacable.

 L'hiver, l'anticyclone est bas vers le Sud :

le train des perturbations peut arriver sur nos côtes atlantiques directement !

C'est notre saison humide et froide .

 

 

 

 

Admirez  ce bel enroulement dans le sens inverse des aiguilles d'une montre ! 

 

Conflit entre dépressions et anticyclones ?

Pas vraiment !

Ils s'entendent comme main droite et main gauche, jour et nuit, homme et femme ...

l'un est la source de l'autre.

 

 

 

 

 

Regardez bien ce schéma :

Nous le retrouverons bientôt quand nous parlerons du Mistral.

 

Les vents qui unissent les anticyclones aux dépressions,

vents chauds (plus ou moins), soufflent à basse altitude :

ce sont eux que nous percevons chaque jour, légers ou violents.

 

Par contre les vents qui unissent les dépressions  aux anticyclones  circulent en haute altitude

et sont glacés ( de l'ordre de moins 50° ) :

ils échappent à notre observation directe ( heureusement !).

Seuls les avions de ligne peuvent les rencontrer. 

 

 

 

 

 

  Que pensez-vous de l'image qui suit  ?

 

 

 

 

 

Non ce n'est pas la photo de l'embryon d'une salamandre ou d'un jeune pélican.

C'est une photographie que je viens de prendre 

et c'est la photo  ... d'une dépression !

( le caractère anti-horaire de la rotation l'affirme ).

 

ALN m'avait fait un commentaire sur mon précédent article

et je lui avais répondu ceci :

 

- Réponse au commentaire  N°  -   9   -  de    -   ALN 03   -   -

Bonjour Nicole. Plusieurs manip permettent d'observer visuellement les effets de cette force, mais il est assez long d'expliquer le protocole les mettant en oeuvre. Une relativement simple consiste à découper un rond assez grand  (au moins 30 cm de diamètre) dans du carton blanc. On le fixe avec un clou en son centre sur une planche. On peut ainsi le faire tourner. Pour imiter la rotation de la Terre, faisons-le tourner de la gauche vers la droite = d'Ouest en Est.

 (Dans le sens contraire aux aiguilles d'une montre )

Avec un feutre, partant d'un point quelconque, si on trace des rayons centrifuges, on va obtenir l'image d'un anticyclone, avec une rotation horaire. Mais si, en direction d'un autre point on trace des rayons centripètes, on obtient l'image d'une dépression, avec une circulation (indiquée) dans le sens anti horaire. Pardon pour cette explication rapide.

C'est plus facile à réaliser si on est deux : l'un fait tourner le cercle, l'autre trace les traits le plus droit possible !

Pour le lavabo, ça marche mieux si la vidange se fait en son centre  (plutôt que sur le côté).

 

Bon jeudi, Nicole , c'était le jour de la liberté des enfants que nous étions, et sommes encore !

 

 

Alors ce matin j'ai refait l'expérience dans le lavabo, car c'est elle de beaucoup la plus simple.

Mais en ajoutant cette fois un peu d'encre bleue-noire pour rendre le phénomène plus visible.

(l'expérience avec le cercle en carton est beaucoup plus difficile à comprendre)

 

Et voilà ce que ça donne, en fin de vidange.

 

 

 

 

(J'avais même ajouté un peu de poudre ferrugineuse, mais ça n'a rien ajouté de valable).

 

 

La prochaine fois je vous présente le Mistral  !

 

 

 

 

***

 

 

Un petit supplément ?

 

Voici mon étang

hummm... un peu trop sauvage cette année, je ne peux même pas m'en approcher !

 

 

 

 

 

 

En fait cette photo date de juin.

 

Le niveau a déjà baissé (c'est un étang pluvial) et les iris sont défleuris.

 

Au sud de l'étang un peuplier mort est tombé.

J'ai dû le couper.

 

 

 

Ce n'est que du peuplier, et de plus un arbre mort,

mais il trouvera tout de même sa place dans la cheminée cet hiver,

 

  

 

 

quand la bise sera venue !  

 

 

 

***

 

 

 

 

 

 

•  

 

 

Et oui : je ne voulais pas vous en parler, pour ne pas vous noyer dans la théorie,

mais j'y suis bien obligé !  

 

Coriolis est un ingénieur et mathématicien français né en 1792, qui a formulé une loi

définissant cette force, liée à la rotation de la terre, qui dévie tout objet en mouvement

vers la droite dans l'hémisphère nord, vers la gauche dans l'hémisphère sud.

(Un certain Georges Hadley avait, il est vrai, déjà compris -en 1735- 

que l'inclinaison des vents alizés était due à la rotation de la terre ). 

 

Ce n'est pas une petite affaire :

cette force est difficile à comprendre car elle va à l'inverse de ce que nous voyons ! 

Je m'explique en donnant un exemple.

Le matin nous voyons le soleil se lever à l'Est, monter dans le ciel, 

et le soir se coucher à l'Ouest, puis disparaître.

Nous avons appris qu'il n'en est rien, que c'est la Terre qui tourne sur elle-même.

Mais voilà, ce que nous savons est à l'opposé  de ce que nous voyons :

nous observons un mouvement du soleil de l'Est vers l'Ouest

mais en fait c'est la Terre qui tourne dans l'autre sens : de l'Ouest vers l'Est !

 

La force de Coriolis se cache de même derrière ce que nous percevons,

et ainsi nous ne nous rendons pas compte que notre planète tourne sur elle-même 

et nous entraîne à une folle vitesse dans l'univers.

 

Cependant, obéissant à cette loi, les vents

(qui sont formés de particules en mouvement : atomes d'azote, molécules de dioxygène, etc...)

subissent cette déviation (vers la droite).

Comment comprendre cette déviation ?

En regardant notre globe : il est sphérique et il tourne comme une toupie !

 

 

Imaginez-vous être au point zéro, sur l'équateur, dans le golfe de Guinée, au large des côtes du Ghana.

L'équateur mesure 40.000 km.

Sur ce point vous faites (solidaires avec la Terre) un tour complet en 24 heures,

ce qui veut dire que vous vous déplacez dans l'espace à 1.660 km/h.

 

Là vous décidez d'envoyer une fusée vers les îles Shetland, au nord de l'Ecosse (point 6).

 

Sitôt dit, sitôt fait.

La fusée part et monte vers le Nord.

Tout va bien pour commencer.

C'est une belle fusée qui vole à 2.000 km/h.

Mais peu à peu votre fusée dévie sur la droite

et plus elle s'éloigne de l'équateur, plus elle s'incline vers la droite...

finalement elle va prolonger son voyage carrément vers l'Est !

Elle n'arrivera jamais aux îles Shetland !

 

 

 

 

Que se passe-t-il ?

Ceci.

Les îles Shetland se trouvent au point 6 (à 60° de latitude Nord)

et à ce niveau là le "tour" de la Terre" ne mesure que 20.000 km,

aussi la vitesse de déplacement de ces îles n'est  que de 830 km/h.

 

Votre fusée qui conserve sa vitesse de 1.660 km/h vers l'Est,

à cause de l'effet de fronde provoqué par la rotation de la Terre

prend de plus plus d'avance sur les îles Shetland qui elles ne se déplacent vers l'Est qu'à 830 km/h.

Votre fusée va beaucoup trop vite !

 

 

 

 

 

En fait, elle ne monte pas vers le Nord à 2.000 kmh, comme vous le pensiez,

mais vers le Nord-Est à la vitesse de 2.600 kmh.

 

 

Je ne sais pas si cela vous paraît clair.

Et vous vous demandez sans doute ce qu'une fusée vient faire dans notre réflexion météorologique ...

 

Et bien appliquons tout de suite cette idée à l'air qui descend du haut de la montagne anticyclonique.

Cet air part d'un sommet théorique (un point central) et s'en écarte de plus en plus.

Plus chaque filet d'air s'éloigne de son point de départ, plus son trajet dévie sur la droite.

Le résultat, le voici :

 

 

 

Tout cela vous paraît sans doute très théorique, et éloigné de notre réalité quotidienne.

Les marins qui partent d'Europe sur un bateau à voiles pour se rendre aux Antilles

et cherchent au plus vite à se placer  dans les vents Alizés ne seront pas de cet avis !

 

 

 

 

 

Bon, j'ai trop abusé de votre attention cette fois, je sais,

aussi je vais m'arrêter

mais en vous mettant cette petite carte je voulais vous montrer justement les Alizés  qui,

descendant des hauteurs de l'anticyclone des Açores, s'inclinent doucement vers ces îles de rêves

que sont la Barbade, la Dominique, la Martinique, la Guadeloupe, et beaucoup d'autres !

 

Peut-être me direz-vous aussi que vous n'avez pas de voilier

pour aller passer vos vacances à Marie-Galante, et que dans ce cas vous n'êtes pas concerné.....

 

Mais si : chaque jour vous êtes soumis à la force de Coriolis !

Elle ne vous quitte pas une seule seconde.

Elle vous porte comme une mère porte son enfant.

 

Si vous remplissez votre lavabo, laissez bien l'eau ne plus bouger, puis ouvrez la bonde...

que se passe-t-il ?

Rien d'anormal au début, le lavabo se vide,

mais peu à peu, l'eau se met à tourner.

Pourquoi ?

Et dans quel sens ?

 

 

 

 

Si, dans votre jardin, vous semez des haricots d'Espagne à fleurs rouges,

dans quel sens vont-ils s'enrouler autour de la rame ?

 

Je vous laisse observer, et réfléchir.

 

Si vous lancez une flèche, elle aussi est déviée

mais d'une façon si infime que c'est sans importance.

Par contre quand on lance un train sur des rails, lui aussi est dévié.

Les rails corrigent la trajectoire, et tout va bien.

Sauf que le rail de droite s'use plus vite que le rail de gauche !

et qu'il faut les intervertir de temps en temps pour équilibrer l'usure.

 

Et oui, que notre Terre tourne sur elle-même n'est pas sans importance.

 

Pardon pour tous ces schémas tous en noir et blanc.

Pour me faire pardonner, je vous mets un dessin en couleurs :

notre ancien étendoir à linge.

 

 

 

 

 

 

 

à plus.

 

 

 

 

***

 

 

 

 

 

 

•  

 

 

Où donc s'en va l'air qui descend de la montagne anticyclonique ? 

Il suit la loi commune qui s'impose à tout ce qui s'écoule.

 

Ainsi l'eau.

Où s'en vont les petits ruisselets qui dévalent les pentes de nos montagnes ?

Ils se rassemblent en torrents,

lesquels se jettent en des rivières de montagne qui chanteront au fond des vallées,

puis se rassembleront pour former des rivières plus profondes  dans les plaines,

rivières qui s'uniront en de majestueux fleuves

lesquels rejoindront la mer.

 

Pareil pour l'air des anticyclones !

Il suit avec une totale et admirable obéissance les lois de la pesanteur.

Même si tout est invisible, et si les chemins suivis sont plus larges et sans cesse changeants.

Pour ces vents, le but est de rejoindre les grands vides d'air creusés par les dépressions.

La plus grande des dépressions se trouvant à l'équateur, nous l'avons vu :

l'air s'y trouve constamment aspiré vers les hauteurs du ciel,

ce qui creuse une sorte de fosse barométrique permanente faisant le tour du globe.

 

L'air des anticyclone n'hésite pas : il se précipite vers ces vides d'air, fussent-ils à plusieurs milliers de km !

 

Bien sûr il y a une différence d'importance entre l'air et l'eau.

L'eau est un liquide soumis mains et poings liés à cette omniprésente pesanteur,

et ainsi contrainte de suivre ce chemin que l'on désigne par un mot allemand : le  " Talweg ".

Talweg signifie mot à mot " chemin de vallée " : c'est la ligne qui joint les points les plus bas d'un paysage.

 

L'air est lui un gaz, et à ce titre il a en privilège la liberté de l'oiseau !

Mieux encore, pour lui la pesanteur peut s'inverser, si bien que pour lui, tomber dans un creux barométrique

peut signifier, oh merveille ! monter vers les plus vertigineuses hauteurs du ciel.

 

 

 

 

Pourtant les reliefs du sol l'influencent aussi, comme nous le verrons pour ce vent si particulier : le mistral 

(quand enfin nous en parlerons !)

 

 

Revenons à l'anticyclone des Açores.

L'air y descend massivement, lourdement, tout d'un bloc ( = sans agitation de l'air ),

mais à l'approche du sol il s'évase et se divise en deux parties :

une va se diriger vers le Nord, l'autre vers le sud, vers l'équateur.

 

 

La partie qui descend vers le sud, pour rejoindre l'équateur, constitue les vents alizés.

Ce qui veut dire qu'à leur naissance les vents alizés sont des vents chauds et très secs.

Si sur leur trajet pour arriver dans la zone équatoriale ils passent au-dessus d'un océan,

ils se chargent d'humidité.

C'est ainsi que les Alizés qui parviennent aux Antilles sont des vents chargés d'eau

laquelle va se déverser sur les reliefs des îles, leur apportant la vie.

 

Par contre si ces mêmes vents cheminent sur des zones sèches, ils vont demeurer secs

et ces alizés chauds et secs vont désertifier les zones qu'ils vont survoler.

C'est ainsi que le désert saharien descend bien au dessous de la ligne du tropique !

Regardez la carte de l'article précédent :

 

 

 On voit très bien que le désert franchit le tropique et se répand bien en dessous, vers le Mali et le Niger.

C'est l'oeuvre mortifère des alizés locaux, prolongeant celle de l'anticyclone !

 

La partie qui monte vers le nord, nous en parlerons la prochaine fois !

En même temps nous aborderons une chose assez étrange...

bon, je vais essayer de ne pas vous faire attendre trop longtemps.

 

Un mot encore sur l'aspect étrange du ciel observé par plusieurs d'entre vous :

d'un bleu pâle, laiteux, et parfois même moins lumineux, comme voilé.

Quelle est la cause de ce phénomène ? Ou les causes (peut-être diverses selon les lieux) ?

Sable saharien ?

Cristaux de glace ?

J'ai pensé aussi à d'éventuelles cendres volcaniques.

De nombreux volcans sont actuellement actifs dans le monde :

à Java, au Mexique, au Pérou, avec parfois des coulées pyroclastiques.

Plus proche de nous l'Etna émet en ce moment des cendres au niveau de son cratère sud-est.

 

 

 

 

 

 

Pas d'explication certaine à vous proposer.

Continuons de nous interroger.

à bientôt

 

 

***

 

 

 

 

 

 

 

 

Je vais vous l'avouer : je suis un peu perdu !

A nouveau je pensais ne faire que 2 ou 3 articles,

et je me rends compte que je suis obligé de préciser ceci et cela, et que c'est bien plus long que prévu.

Je suis obligé de faire ces précisions, car sinon, j'ai l'impression de vouloir traverser une grande rivière...

avec vous,

et  le pont ne va pas jusqu'à l'autre rive !

je dois donc l'achever au fur et à mesure.

J'espère que vous me pardonnerez cette aventure !

 

Et puis quoi, nous sommes en vacances, et donc pas pressés.

Nous nous promenons librement dans toute la planète, et tout là-haut dans le ciel.

Quoi de mieux ?

Je vais reprendre la fin de l'article précédent, terminé un peu brutalement,

à partir du schéma de la cellule de Hadley, schéma qui montre comment s'établit une sorte de circuit fermé

entre la zone de l'équateur et la zone des tropiques.

 

 

 

 

L'air équatorial, devenu froid et sec en haute altitude, se dirige vers le Nord : 

il ne tombe pas tant qu'il est porté par les ascendances.

Elles lui interdisent de tomber.

Mais une fois dépassé vers le nord la latitude de 23 °  (Tropique du cancer)

ce soutien cesse et il tombe !

Il tombe, et plus il tombe plus un phénomène curieux se produit : plus il se réchauffe ! 

Pourquoi ?

Vous avez eu un vélo ?

Si oui, vous l'avez gonflé.

Et qu'avez-vous observé vers le bas de la pompe ?

Elle chauffe, jusqu'à devenir presque brûlante.

Et oui, quand on comprime de l'air, il chauffe.

Et bien vers la base de cette masse d'air qui tombe (et la chute est d'importance : 15 kilomètres ! )

l'air s'entasse sur le sol, se comprime de lui-même sous son propre poids,

sa "pression" monte, et donc il chauffe..... 

40 ° et beaucoup plus, même à l'ombre... 47, 51 même, et jusqu'à 55 !!!!

Si bien qu'au niveau du sol arrive un air à la fois très sec et très chaud. 

Voici le résultat :

 

 

 

La vie végétale et animale est presque réduite à rien.

Jolies couleurs, mais allez donc semer des radis dans un terrain de ce genre !

Nous sommes ici dans un désert, dont le type est le Sahara,

Sahara dont le centre  (en latitude) se situe  vers 30 ° où nous trouvons  Béchar, Béni Abbès, El goléa.

 

Je me répète, car c'est très important de bien comprendre  : 

passé le Tropique du cancer, la masse d'air qui se dirige vers le nord en haute altitude,

 désormais dégagée des ascendances équatoriales, va descendre en cascade vers le sol.

(branche descendante de la cellule de Hadley : la plus haute cascade du monde !)

Arrivé au sol , cet air est devenu terriblement chaud

et voyez, en Afrique, l'étendue de cette zone dévastée que l'on nomme Sahara.

Elle est centrée sur cette ligne horizontale de 30 degré de latitude nord

qui passe par Béni Abbès.

 

 

 

 

( Nous verrons la prochaine fois pourquoi la zone désertique descend si bas

bien en dessous du tropique du cancer )

 

Mais comment imager ce phénomène de l'anticyclone : l'air est invisible !

Et bien nous allons comparer l'air à une matière visible : du sable.

Si nous faisons couler du sable d'une façon continue, il va se constituer un tas de sable.

Une fois en place, le tas de sable ne bouge plus, et sa base est fortement comprimée  

( j'espère que vous n'êtes pas dessous ! ).

Si nous continuons de déverser du sable, il va couler à la surface  du tas conique, lui même immobile.

 

 

Et bien un anticyclone, c'est à peu près pareil !

C'est une montagne d'air.

Sauf que la base du tas d'air peut avoir mille km de large, ou beaucoup plus !

Il y a des anticyclones particulièrement stables dans le monde.

Par exemple celui qui recouvre de sa chape de plomb, presque immobile, l'immense territoire saharien.

La pression atmosphérique est maxima en son centre.

Les humains s'y sentent  littéralement " écrasés ".

 

Bien sûr, cette retombée vers le sol de l'air équatorial dans la zone subtropicale est un phénomène planétaire,

et pas limité au Sahara !  

C'est une ceinture anticyclonique  qui entoure la planète,

à peu près centrée autour du trentième degré de latitude nord.

Le long de cette ceinture tendent à s'individualiser des foyers anticycloniques plus actifs,

et nous en connaissons tous un dans l'Atlantique  : l'Anticyclone des Açores. 

Il se situe habituellement en face du Portugal, au-dessus de l'Archipel des Açores,

à 38°de latitude nord, mais il se déplace parfois :

soit vers l'ouest, et devient l'anticyclone des Bermudes,

soit  (et cela se produit en été)  vers le nord.

Cet été 2015, il est monté très haut, se centrant carrément sur la France

et même en partie sur la mer du nord !

Pire, il a l'air de se plaire dans ses nouveaux lieux de résidence, il y stationne, tout à l'aise.

Espérons qu'il ne va pas rester là 107 ans,

sinon voilà ce que nos Alpes deviendraient :

 

 

 

 

Encore un mot, tant que nous sommes carrément, chaque jour et chaque nuit,

 au-dessous de l'anticyclone,

où il n'y a pratiquement aucun vent :  pas la moindre feuille ne bouge.

Quand il voudra bien se déplacer un peu, nous nous trouverons en périphérie du tas d'air, et là, ô joie !

nous sentirons se lever la brise qui ruisselle à la surface de ce dôme.

 

Nous verrons la prochaine fois où va l'air qui descend les pentes invisibles des anticyclones, et comment il y va.

 

Je n'oublie pas que mon but initial était de trouver pourquoi souffle ou ne souffle pas le mistral.

Ce sera mon dernier article qui sera facile, car il sera la conclusion  de tout ce travail préparatoire.

 

 

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