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- Conte des trois petits corbeaux -
Ce conte, je l'avais entendu d'une oreille plus que distraite sur France Inter,
un dimanche matin, il y a 2 ans, tout en me préparant du céleri rémoulade.
Ce n'est que le conte une fois terminé qu'il m’était apparu comme très intéressant
et j'avais alors essayé de le reconstituer dans ma petite cervelle d'oiseau.
Puis je l'avais publié sur Over-Blog le 19.10.2013.
Je le publie à nouveau maintenant, mais cette fois sur Eklablog.
Avec une inquiétude :
que vous finissiez par penser que je choisis trop de contes subversifs,
contraires à toutes les idées reçues, contraires à la morale ambiante et bien pensante,
et que ces contes vous prennent ... à rebrousse poil.
Surtout après le conte des trois poulettes !
Mais si tous les contes consistaient à dire :
ils se marièrent, vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants,
auraient-ils grand chose à voir avec nos vies ?
Ne vaudrait-il pas mieux, au moins de temps en temps...
se poser certaines questions ??? Mais je conçois bien que ce conte puisse heurter plusieurs d'entre vous.
Après vous l'avoir présenté, j'ajouterai donc une petite note.
Cric Crac....
Il était une fois....
un vieux corbeau
qui avait fait son nid en haut d'un peuplier aussi vieux que lui
lequel peuplier se trouvait dans une île au milieu d'un grand fleuve.
Ce vieux corbeau, plein de sagesse, avait pensé qu'en ce lieu
personne ne viendrait déranger sa couvée.
Il eut trois petits
qui avaient tous le corps beau.
Normal.
Il était donc très content.
Les trois petits grandirent.
Quand ils furent déjà forts
le vieux corbeau décida de les emmener sur la terre ferme
dans un bois où vivaient d'autres corbeaux.
Mais ses petits ne savaient pas encore voler.
Il allait devoir les porter en les tenant dans ses serres,
et les emmener un par un.
Il prit le premier.
Le fleuve était large.
Parvenu en son milieu, le vieux corbeau se sentit fatigué.
Une pensée lui vint.
Il se dit :
Quand je serai très vieux et ne pourrai plus voler,
mes enfants me porteront-ils comme je le fais aujourd'hui pour eux ?
Il posa la question au petit corbinet.
Dis, quand je serai très vieux et ne pourrai plus voler,
est-ce que toi, à ton tour, tu me porteras ?
Oui oui bien sûr,
répondit tout de suite le petit corbinet,
oui oui, je te porterai !
Le vieux corbeau réfléchit
et ne le crut point.
Il desserra ses serres
et le petit corbinet chut.
Le vieux corbeau revint à son nid et se reposa.
Puis il prit le second petit corbeau
et s'envola avec lui.
Parvenu au milieu du fleuve
le vieux corbeau se sentit à nouveau fatigué.
La même pensée lui vint :
Quand je serai très vieux et ne pourrai plus voler,
mes enfants me porteront-ils comme je le fais aujourd'hui pour eux ?
Il posa à nouveau la question au petit corbinet.
Dis, quand je serai très vieux et ne pourrai plus voler,
est-ce que toi, à ton tour, tu me porteras ?
Oui oui bien sûr,
lui répondit tout aussi vite le petit corbinet,
oui oui, je te porterai !
Le vieux corbeau, à nouveau, réfléchit
et ne le crut pas plus qu'il n'avait cru le premier.
Il desserra une seconde fois ses serres
et le petit corbinet chut.
Une fois de plus le vieux corbeau revint à son nid, se reposa.
Puis il prit le troisième petit corbeau
et s'envola avec lui.
Parvenu au milieu du fleuve
à nouveau il se sentit fatigué
et pour la troisième fois , il se demanda :
Quand je serai très vieux et ne pourrai plus voler,
mon enfant me portera-t-il comme je le fais aujourd'hui pour lui ?
Il posa la question au troisième petit corbinet.
Dis, quand je serai très vieux et ne pourrai plus voler,
est-ce que toi, à ton tour, tu me porteras ?
Le petit corbinet réfléchit
puis répondit :
non !
Je ne te porterai pas.
Je m'occuperai de mes petits.
Le vieux corbeau se dit :
celui là ne me ment pas.
Il fera vaiment ce qu'il dit.
Rassuré,
il ne desserra pas ses serres
et transporta son troisième petit dans son nouveau nid.
bye ...
mais j'éprouve le besoin
d'écouter ce que vous pensez de ce petit scénario,
et de vous expliciter ce que j'en pense moi-même.
Quand je l'ai publié en 2013, j'avais reçu de nombreux commentaires :
44 après le conte, 48 après mes réflexions sur lui.
Il ne m'est guère possible de les republier
et d'ailleurs personne ne prendrait le temps de les lire.
Alors je reprendrai, dans l'article suivant, les principales opinions qui y ont été exposées.
A bientôt.
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Commentaires
Bonjour Khaz, il y a bien longtemps que je ne suis pas allée sur ton blog te rendre visite et te laisser un commentaire, faute à de nombreux problèmes en cette année qui restera comme un "annum horribilis". Je suis bien décidée à reprendre mes activités de blogueuse et à rendre visite à tous ceux qui me rendent visite, certains depuis plus de quatre ans, je n'allais donc pas tous vous laisser tomber ainsi !
Pour ce qui est du conte, je pense que les parents doivent laisser leurs enfants grandir, choisir leur propre vie sans se mêler constamment de leurs affaires et de respecter leurs choix, ainsi il y a plus de chance que les enfants soutiennent leurs parents une fois que ceux ci sont devenus trop âgés pour se prendre en charge. Voilà c'est dit ! Bises et à bientôt j'espère
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Vendredi 13 Novembre 2015 à 17:14
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27L.N.Jeudi 5 Novembre 2015 à 23:20Ton éloge sur les corbeaux est remarquable, que de qualités ils possèdent!
Mais n'étant pas raciste pour leur plumage noir, je suis heureuse d'apprendre qu'ils portent aussi un ar-en'ciel!!Super...
Pas fan tout de même.....L.N. la têtue du 4e
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Vendredi 6 Novembre 2015 à 14:31
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Bonsoir gai pinson siphonné,
Je me souviens bien de ce conte. C’est pour dire s’il m’a bien plu car moi et ma cervelle…
Le vieux corbeau est passé à un moment de sa vie là où passent les petits en ce moment. C’est pour cela qu’il leur pose la question et connait bien la réponse. Et dans notre vie, malheureusement, c’est bien ce qui arrive. Les enfants s’occupent de leurs petits (et parfois d’ eux tout simplement) sans penser aux vieux (j’aime ce mot « vieux » et c’est avec respect que je l’emploie). Il y a malgré tout, une petite minorité qui fait exception.
Par contre, je ne me souviens pas du jeu de mot avec « Corps beaux ». J’aime tes jeux de mots. Mon mari en faisait beaucoup aussi. Il disait que ça venait comme ça tout seul.
Bonne soirée et bise à toi gai pinson siphonné.
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Vendredi 6 Novembre 2015 à 14:26
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25RamonJeudi 5 Novembre 2015 à 21:02Je retiens surtout que tes contes nous plongent dans les méandres de l'âme humaine.
Salut, l'ami.
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Vendredi 6 Novembre 2015 à 14:19
- Réponse à RAMON - -
En effet, il sont nés il y a bien longtemps , à une époque où n'existaient ni la la télé, ni les livres, ni même l'écriture, et évidemment ni les philosophes, ni les psychologues : l'âme humaine était leur champ d'action.
L'étonnant est qu'ils demeurent, et gardent leur fraîcheur native.
Bonne journée Ramon.
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24L.N.Jeudi 5 Novembre 2015 à 20:28Je répète que je ne suis pas conformiste et prisonnière de tel ou tel dogme..alors pour l'attitude des corbeaux, je ne sais que répondre, quel est celui qui dit la vérité pour ne pas déplaire à son père, mais nous ne connaissons pas le futur de ces volatiles...que vas faire le sul qui reste, peutêtre abandonner son père quand il aura vieilli ou l'entourer de tendresse, l'avenir est incertain, personne ne le devine, à part les 20 voyantes qui écrivent qui me convient chaque jour ???????????????????????
Cela te va la réponse, rien à ajouter...
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Vendredi 6 Novembre 2015 à 14:12
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23L.NJeudi 5 Novembre 2015 à 17:02Ce complément d'information, pour te rappeler que je ne suis pas conformiste ni adepte des idées toutes faites. Plus libre d'esprit que la Linotte du Quercy tu peux faire un référendum.....Toujours allergique aux corbeaux et un peu des contes. Je préfère Riquet à la Houppe de Perrault, au moins on est tout de suite renseigné et cela distrait!
LL.N
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Jeudi 5 Novembre 2015 à 19:09
- Réponse à LN - -
Tu n'es donc pas conformiste. D'accord, mais alors , que t'ont fait les corbeaux pour que tu ne les aimes pas ?
Parce qu'ils sont noirs ?
Parce que leurs cris te semblent disgracieux ? Ah, ils ne chantent pas comme Carla Bruni, c'est sûr
mais moi j'aime leurs cris : ils mesurent l'espace, ,y gravent des points de repères, comme le font les alpinistes, quand ils plantent des pitons dans les parois verticales des montagnes, et quand je les entends, j'entends les ptérodactyles qui, dans des temps lointains, planaient en des ciels étranges. Oui corneilles et corbeaux me semblent une parure indispensable à notre ciel. Et je les aime : ils sont des enfants du dieu créateur tout autant que moi.
Quant à Riquet à la Houppe, il se pourrait bien que je vous le présente !!!!
Bonne fin de semaine, Hélène.
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... je me souviens vaguement de ce conte, j'attends la suite... mais ton dessin de l'arbre aux oiseaux, est merveilleux!!!
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Jeudi 5 Novembre 2015 à 17:13
- Réponse à FAN - -
Bonjour FAN.
C'est le célèbre "arbre aux corbeaux" de Caspar David Friedrich,
un peintre allemand que j'adore, a même titre que Turner.
Il me semble ressentir la nature comme lui, immense, profonde, mystérieuse, insondable,
ouverte sur l'infini, une constante invitation à adorer.
Bonne fin de semaine, FAN.
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21L.N.Jeudi 5 Novembre 2015 à 11:04P.S. n'oublie pas de couper du céleri afin que tes idées soient plus claires!!!!!
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Jeudi 5 Novembre 2015 à 15:38
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20L.NJeudi 5 Novembre 2015 à 11:00Je n'ai pas un attrait particulier pour les contes de corbeaux, sauf les dessins magnifiques et ils ne m'inspirent pas des réflexions profondes. J'attendrai avec patience la suite et serais certes éblouie par ce que cache cette histoire. Pour l'instant...rien de rien...comme une oie blanche je cherche en vain. Ma cervelle est trop petite pour la philosophie du corbeau/
Bonne journée au soleil.
L.N. et sa tête de linotte...
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Jeudi 5 Novembre 2015 à 15:28
- Réponse à LN - -
Tu fais d'immenses progrès !
Avant tu n'avais aucun attrait pour les contes; là cet attrait ne manque que pour les contes de corbeaux :
tous les espoirs sont permis.
Nos cervelles (pas seulement la tienne) sont-elles trop petites ?
Je ne crois pas, ce n'est pas une question de taille.
L'important est... qu'elles soient vides, et accueillantes à ce qui n'est justement pas dedans, et donc que l'entrée n'en soit pas obstruée par des idées toutes faites. Notre " morale " nous propose (non, nous impose ) des modèles tout faits, et comporte l'idée que mette en doute ces modèles est impie.
C'est contre ce conformisme bien pensant que je m'insurge.
Bonne apm; Linotte du Quercy !
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19DanielleJeudi 5 Novembre 2015 à 09:48Bonjour pinson, tu as raison, c'est très joli les contes qui finissent bien mais il ne faut pas ignorer ni nier les différentes facettes de la vie, surtout pas se bander les yeux et si certaines images sont un peu dures, elles nous font réfléchir. On ne met pas des enfants au monde pour assurer nos vieux jours même si on espère tous qu'en cette période on puisse compter sur leur présence... affective car la vieillesse isolée fait un peu peur, alors avoir une épaule sur qui s'appuyer, une présence parfois, de l'amour c'est ce qu'on espère tous au fond de nous. L'horreur de la solitude en maison de retraite... se sentir faible et dépendant... dur, dur ! A leur tour les enfants doivent se "prendre en main", s'assumer et être capables d'élever leur progéniture, faire face à leurs responsabilités d'adultes et acquérir leur indépendance. Les animaux élèvent leurs petits et les laissent ensuite vivre leur vie en toute indépendance, contrairement aux humains qui bien souvent ont du mal à les "lâcher", à couper le cordon et qui, de toute façon, sont toujours là pour eux, liés par l'amour, les sentiments souvent accompagnés d'ailleurs d'une foule de problèmes divers. C'est la différence indéniable de comportement entre la race animale et les humains. Il faudrait que les enfants puissent agir en toute indépendance sans avoir besoin de nous, ils ont leur propre famille à assumer.
Dans ce conte, si les deux premiers petits corbeaux ont dit "oui" sans hésiter c'est peut-être aussi qu'ils devaient sentir le danger (ont-ils menti ou pas ? à savoir !), l'ont-ils fait par sécurité ? C'est possible ! Le troisième a eu le courage de dire la vérité, même en prenant des risques certains. J'aime bien ce conte, on dit que les corbeaux sont les oiseaux les plus intelligents qui soient... Bonne journée pinson, un beau soleil et une douce chaleur ici, j'espère qu'il en est de même chez toi, un temps idéal pour faire du ciment . Danielle
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Jeudi 5 Novembre 2015 à 15:15
- Réponse à Danielle - -
Bonjour Danielle. Tout le monde doit se prendre en charge :
aussi bien l'enfant, qui doit abandonner le confort et la sécurité du berceau familial
que le parent qui ne doit pas freiner ou entraver le départ de son enfant.
C'est dur pour l'un comme pour l'autre, et le désir de non séparation existe des 2 côtés, et ainsi se fortifie.
Nous y reviendrons.
C'est vrai que les animaux sont beaucoup plus... expéditifs !
Le ciel ici ?
Parfait ce jour, au moins ce matin : digne du paradis (je suppose !).
Bonne journée.
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18SimoneJeudi 5 Novembre 2015 à 09:19Enfin je te retrouve ! Ce vieux corbeau est plein de sagesse et sans illusion. et le 3ème corbinet a hérité de sa sagesse. Le vieux se reconnait en lui qui a dit la vérité et il n' a pas desserré ses serres. Les 2 autres étaient'ils lâches pour autant ? Il ne leur restait plus qu' à apprendre à nager très vite !!!!!!!!!
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Jeudi 5 Novembre 2015 à 14:58
- Réponse à Simone - -
Alors ça y est, tu reçois la " News " ! C'est plus pratique
Les 2 premiers petits corbeaux étaient-ils lâches ?
Peut-être. Au moins ils suivaient le modèle le plus couramment adopté :
dire à l'autre ce que l'on suppose correspondre à ce qu'il attend, ce que l'on suppose qu'il désire entendre.
C'est une façon de masquer sa pensée profonde, et peut-être même à soi-même.
Cela ressemble presque au langage du renard s'adressant au corbeau, détenteur du fromage convoité.
C'est donc une des variétés (elles sont nombreuses) du discours flatteur.
Ces 2 petits corbeaux se conforment donc au modèle de ce qu'il faut penser et dire pour être dans la norme.
Ainsi à la question : êtes-vous raciste ?
99,9 % des personnes diront non d'emblée. La réalité est... beaucoup plus complexe, mais reste cachée, tue.
Apprendre à nager ?
les corbeaux ne nagent pas !!! Mais il y a une autre solution....
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ou encore "Quand les les petits corbinets au corps beau churent."
dominique
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Jeudi 5 Novembre 2015 à 14:59
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Jeudi 5 Novembre 2015 à 12:39
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Jeudi 5 Novembre 2015 à 12:34
- Réponse à LMPT 73 - -
Tu as donc remarqué la musique des mots ! Je ne puis cacher que j'aime jouer avec eux, exactement comme les enfants aiment jouer aux billes (aimaient ?). J'ai d'ailleurs hésité pour le titre de l'article, j'ai pensé un moment choisir " El le petit corbinet chut ", ou même en écrivant : " et le pe tit cor bi net chut ".
Bonne journée Dominique.
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- Réponse à Thaïssa - -
et bien vous me faites faire un bon en arrière !
et vous en remercie.
j'aurai ... 94 ans cette année, en novembre,
et je continue à penser qu'il y a du vrai dans ce conte.