• - Un petit conte : l'échaudé -

     

     

     

     L'échaudé 

     Un petit conte pour sourire un moment. 

     

     

     

    ***

     

        

     

    Tout au fond d'une vallée

    loin, très loin, dans la montagne,

    vivaient un vieux bûcheron et sa femme.

     

    Ils habitaient à La Fraizette.

    Sa femme s'appelait la Jeannette.

    Ils vivaient là, tout seuls toute l'année.

     

    Un soir, comme il faisait chaud, ils avaient ouvert la porte.

     

    Le bûcheron faisait un panier.

    Ils allaient manger la soupe.

     

    Jeannette prit la soupe sur le feu.

    Elle revint vers la table pour poser la marmite.

     

    Elle poussa alors un "HA !" de surprise

    en voyant dans la porte ouverte...

    un loup.

     

    Un loup énorme, gros comme un âne !

     

    Et Jeannette restait là...

    avec la marmite de soupe à la main.

     

     

                     echaude-1.jpg

     

     

    Son mari, qui n'avait rien vu, lui crie :

     

     " Verse donc  !  Jeannette  ! "

     

    Alors la femme a renversé la marmite sur le loup.

     

    La bête a poussé un hurlement

    et s'est enfuie au plus profond de la forêt,

    toute ébouillantée.

     

    Eux, ils ont refermé la porte en vitesse,

    et ce soir-là, ils se sont passés de soupe.

     

    Ouf !

     

     

    ************************************

     

     

    A quelque temps de là, il faisait très beau temps.

     

    Le bûcheron partit en forêt, au Replat, pour faire quelques fagots.

    Jeannette avait préparé sa musette.

     

    Une fois arrivé, il s'est mis à faire des fagots.

    Il ne s'est pas aperçu que le temps passait.

    La nuit est arrivée.

    Il lui a fallu du temps pour  retrouver sa musette.

    En la cherchant, il a fait des tours et des détours.

    et  s'est un peu  égaré dans la forêt.

    La nuit est tombée.

     

    Et voici qu'il a entendu des hurlements de loups.

     

    Vite, il a pris la route du retour.

    Mais les hurlements se sont rapprochés.

    Il est monté à un sapin.

     

    Alors... qu'est-ce qu'il a vu déboucher au coin de la clairière ?

    Un loup, un énorme loup !

     

    C'était l'échaudé !

     

    Il l'a bien reconnu, car ses poils n'avaient pas encore repoussé.

     

    Le loup est arrivé au pied de l'arbre, a reniflé...

    et lui aussi a reconnu le bûcheron.

    Et dans sa tête de loup, il s'est dit :

     

    "ça y est, cette fois, je le tiens !"

     

     

             echaude-2.jpg

     

     

    Il a poussé un hurlement terrible pour appeler ses frères.

    Quelques secondes après, toute la horde est arrivée.

     

    Ils étaient là, dix, quinze, vingt, toute une bande !

    Ils ont fait un cercle autour de l'arbre et ont tenu conseil.

     

    Voilà que l'échaudé s'est mis au pied du sapin

    et les loups se sont faits la courte échelle.

    Un premier, puis un second, un troisième, un quatrième.....

     

    Le bûcheron, qui les voyait arriver, est monté plus haut.

    Il est arrivé comme ça au sommet du sapin.

     

    Notre pauvre bûcheron se sentit pris.

    Un loup était sur le point de l'atteindre.

    Alors le bûcheron s'est mis à crier :

     

    "Verse donc ! Jeannette !"

     

    L'échaudé, qui se rappelait de la marmite de soupe bouillante,

    détala aussitôt.

     

    Mais c'était lui qui tenait la colonne des loups,

    et voilà tous nos loups qui tombent au pied du sapin,

    et tout en boitant, ils retournèrent au fond des bois.

    Le bûcheron put rentrer chez lui.

     

    Ouf !

     

     

    *********************************

     

    Noël arriva.

    Il y avait un peu de neige.

     

    Un jour Jeannette dit à son mari :

     

    "La semaine prochaine, c'est Noël.

    Il faut descendre à Chambéry acheter quelques provisions.

    Prends la petite luge pour passer le col des Près.

    Et tu mettras le tonneau sur la luge.

     

    Elle lui donna un casse-croûte, un petit peu de vin,

    et le bûcheron partit en tirant le tonneau sur la luge.

     

    Il passa le col des Prés et redescendit de l'autre côté.

     

    En arrivant à la Croix de Fornet,

     il rencontra une demi-douzaine de brigands.

     

    Ils lui prirent son argent.

    Ensuite ils se dirent:

    "Qu'est-ce qu'on va faire de cet homme là ?".

     

    L'un dit  : "On n'a qu'à le tuer et le jeter dans le ravin."

     

    Mais ils se contentèrent de le mettre dans son tonneau :

    ils ont enlevé le fond du tonneau, l'ont mis dedans,

    et ont remis le fond.

    Puis ils sont partis

    après avoir envoyé le tonneau rouler dans le ravin...

     

    Oulalalala !

     

    Heureusement le tonneau s'arrêta contre un buisson.

     

    Là notre bûcheron reprit ses esprits.

    En se demandant bien comment il allait pouvoir se sortir de là.

     

     

                 

     

     

    Il essaya d'appeler par le trou de la bonde

    mais personne ne répondit.

     

    La nuit vint.

    Il avait froid.

     

    Il avait heureusement sa petite bouteille de vin pour se soutenir.

     

    Le matin arriva.

    Un  jour passa.

     

    Et voici la seconde nuit.

    Notre bûcheron se sentit perdu, et se dit :

    "Cette fois, c'est la fin !"

     

    Il y avait un beau clair de lune.

    Le froid était encore plus vif.

     

    Et voici qu'au milieu de la nuit, il entendit du bruit.

    Il jeta un coup d'oeil par le trou,

    et savez-vous ce qu'il vit ?

     

    L'échaudé !

     

    L'échaudé approcha du tonneau, le flaira longuement,

    puis il se mit à gratter autour du tonneau,

    tourna autour en poussant des grognements.

     

    Il reconnut à l'odeur que le bûcheron était dans le tonneau.

    Et il se dit, dans sa tête de loup :

     

     

    "ça y est, cette fois, je le tiens !"

     

     

    Le matin arriva.

     

    Et voilà qu'à un certain moment, le loup s'arrêta de tourner. 

    Le bûcheron vit sa queue se balancer devant la bonde.

    Il passa la main par la bonde, s'empara du bout de la queue,

    la tira à l'intérieur et se mit à crier :  

     

    " Verse donc  !  Jeannette  ! "

     

                        echaude-4.jpg

     

     

    Notre loup,

    voyant toujours suspendu sur sa tête la marmite de soupe bouillante,

    se mit à détaler de toutes ses forces,

    entraînant après lui le tonneau et le bûcheron.

     

    Ils remontèrent ainsi le ravin,

    repassèrent le col des Prés à un train d'enfer,

    puis ils arrivèrent en vue du chalet de La Fraizette.

     

    L'homme, voyant fumer la cheminée de sa maison,

    lâcha la queue du loup,

    et le tonneau vint s'arrêter devant la porte de sa maison.

     

     

     

                   

      

     

    Il appela sa femme !

     

    " Jeannette !   Jeannette !  "

     

    Jeannette approcha du tonneau,

    vit que son mari était dedans, et le délivra.

     

    Ouf !

     

    Quant à l'échaudé, on ne l'a jamais revu.

     

     

     

     

    ***

     

     

     

     

     

     


  • Commentaires

    16
    Samedi 28 Novembre 2015 à 22:52

     

    Bonsoir pinson, 

     

    J’ai enfin réussi à te lire entièrement. Chaque fois dérangée. Mais ce conte ne l’avais-tu pas déjà édité car, je le connais. Je me souviens par rapport au tonneau. Mais le reste j’avais oublié. J’aime beaucoup et tes dessins aussi. Il est des phrases, des mots qui font resurgir certaines choses passées.  

     

    Pauvre loup qui s’est bien donné du mal et n’a rien eu à se mettre sous la dent. Obligé d’aller chercher son casse-croûte ailleurs. 

     

    Bonne soirée et bise à toi pinson.

     

      • Dimanche 29 Novembre 2015 à 12:01

        Réponse   à   Mari Jo 21 - -

        Et oui, il n'y a pas que la madeleine de Proust : les mots, les phrases, peuvent jouer le même rôle, être doués du même pouvoir d'évoquer et de faire remonter une émotion enfouie... ... ... celle-ci resurgit alors dans toute sa fraîcheur, sa violence, et peut nous entraîner à des actions qui n'ont plus rien à voir avec la réalité actuelle !

        Tu as raison, pauvre loup...

        Heureusement certains loups sont devenus des amis de l'homme, et ils peuvent goûter à la soupe de Jeanette !

        Bon dimanche Mari JO.

         

    15
    lenez o vent
    Samedi 28 Novembre 2015 à 20:13

    Superbes dessins et beau conte

    Merci Enchanteur

    Bisous Pinson

      • Dimanche 29 Novembre 2015 à 11:51

        Réponse   à   lenez o vent - -

        L'enchanteur -pinson ????

        Attention , si tu entends un air de flûte....

        Les enchanteurs sont des menteurs

        qui font leur beurre !

        Bon dimanche A.

    14
    Samedi 28 Novembre 2015 à 15:29

    une belle légende et mine de rien le loup sauve la vie

      • Samedi 28 Novembre 2015 à 17:17

        Réponse   à   Flipperine - -

        Bravo Flipperine ! Tu attires à juste titre notre attention sur un fait important :  finalement, le loup qui semblait si dangereux devient (peut-être involontairement) la cause d'un bien, et même permet à ce bûcheron de sauver sa vie !

        N'en est-il pas parfois ainsi dans nos vies ?    Un accident, un contre-temps, permettent parfois de rencontrer l'âme soeur (  par exemple ) que l'on aurait jamais connue si ....

        Merci , bon week end.

    13
    Mercredi 25 Novembre 2015 à 18:03

    Chat échaudé craint l'eau froide et Loup échaudé craint le bûcheron .

    Ce conte est très beau et tes illustrations superbes et je le raconterai à mes 4 loupiots ( 15 à 8 ans ). Je suis sûre qu'il leur plaîra.

    Il a une belle mémoire olfactive, le loup!

    Bravo Amikas

      • Mercredi 25 Novembre 2015 à 18:32

        Réponse   à   A L N  03 - -

        Beaucoup d'animaux on une mémoire olfactive  bien plus développée que nous.

        Ce loup à une mémoire proustienne    

        bonne soirée pour toi ce soir.!

    12
    L.N.
    Mercredi 25 Novembre 2015 à 13:07

    Un vrai conte sur l'esprit d'àpropos du bûcheron!Il   Il a sauvé sa vie  avec des paroles;

    Ce n'est certes pas une critique sur tes dessins, mais ton loup a plutôt l'air d'un saurien préhistorique QU4UN LOUP CONTEMPORAIN? pourquoi,

    ton conte rappelle que si ils étaient présents aux temps anciens;;;on en trouve toujours en temps actuels;;;;;;

     

    gare

     

    au loup dans ton jardin;;;prépare la soupe!

    L.N.

      • Mercredi 25 Novembre 2015 à 13:55

        Réponse   à   L N  - -

        Je suis très content que tu me dises que mon loup ne ressemble pas à un loup,

        mais plutôt à un animal préhistorique : c'est exactement ce que je voulais.

        J'ai beaucoup de respect pour les loups véritables, dangereux certes,

        mais moins que les monstres qui circulent désormais dans nos villes.

        Le loup a servi abusivement dans les contes à incarner le mal, la cruauté.

        Il ne méritait pas ça.

        Tout de même, de la soupe, j'en ai toujours de la prête !

    11
    Danielle
    Mercredi 25 Novembre 2015 à 10:14

    Bonjour pinson, ton conte me fait sourire, ton loup aussi... certainement que les souvenirs de cette brûlure gravés en lui sont indélébiles et quand il entend cette phrase "verse donc Jeannette !" ça le panique et il a le réflexe de fuir, il revit ce moment où il a été arrosé de soupe bouillante. Ces événements qui se gravent dans la mémoire reviennent souvent d'une façon inattendue à une occasion précise, la scène revient brusquement, resurgissant parfois d'une façon inattendue, même très longtemps après avec une grande précision, un déclic se produit et les souvenirs déferlent avec force, deviennent comme réels à ce moment présent, comment dire : "ils s'actualisent", je crois qu'il n'y a plus la notion du temps passé (ou plutôt écoulé). Le loup a conservé en lui cette phrase mais aussi l'odeur du bûcheron, il persiste dans son projet d'en faire son casse-croûte, persuadé de l'imminence de la chose mais chaque fois le repas lui échappe smile quelle frustration !!! Mais il a de la suite dans les idées ce cher animal, il ne veut pas rester sur une déception ! Le transport dans le tonneau pour le retour à la maison est très amusant, déposé à domicile et rapidement, que souhaiter de plus... sinon sortir du "véhicule" ! L'échaudé est parti chercher sa nourriture ailleurs cette fois. Tu lui as fait une tête à ce pauvre loup... même pas d'oreilles !!! Bonne journée pinson, le ciel est un peu gris aujourd'hui et il fait froid mais on dirait que ça s'éclaircit progressivement, bon jardin aussi s'il ne gèle pas trop chez toi. Danielle 

      • Mercredi 25 Novembre 2015 à 11:51

        Réponse   à   Danielle - -

        Bonjour Danielle.

        C'est bien en effet à  une réflexion sur une certaine forme de mémoire  que nous incite ce conte (si on veut le creuser).

        On pourrait se contenter de se rappeler le réflexe pavlovien.

        Ou, pour être plus littéraire, l'histoire de la madeleine de Proust.

        Comment telle ou telle phrase, entendue dans un lointain passé, peut-elle déclencher en nous des émotions vives que l'on croyait disparues ? Déclencher comme un subit ouragan émotif avec une telle violence que l'on perd alors toute capacité d'analyse logique d'une situation qui n'est plus du tout celle du passé ?

        Comme tu le dis, dans ces cas là, c'est le passé qui " s'actualise " ( imaginairement ) et qui va nous pousser à des actions aberrantes, sans rapport avec la situation réelle que l'on vit.

        Mine de rien, un tel mécanisme joue un rôle très important dans notre vie quotidienne, dans notre vie relationnelle, et particulièrement dans le couple. Dans un "ménage ",  que l'on appelle aussi très justement un "foyer", ces forces là se concentrent à l'extrême, comme les rayons du soleil vers le centre d'un four solaire. Si bien que beaucoup de mésententes, beaucoup de comportements aberrants, qui mettent à mal la cohabitation, s'expliquent par des résurgences de souvenirs du passé.

        Connaissons notre passé, et purgeons-le, purifions-le, de tout ce qui pourrait nous jouer ce bien sale tour.

        Mais pour l'heure... je vais faire un petit tour dehors !

        Bon mercredi, Danielle. 

         

    10
    gazou
    Mercredi 25 Novembre 2015 à 09:50

    c'est un sacré petit malin ce bûcheron.. il ne s'est pas affollé.il a su se mettre à la place du loup et découvrir les seuls mots qui pouvaient lui faire peur

      • Mercredi 25 Novembre 2015 à 11:22

        Réponse   à   Gazou- -

        Et en voilà un qui n'oublie jamais sa petite femme, la bonne Jeanette !

    9
    Mercredi 25 Novembre 2015 à 08:46

    me voilà en pays de connaissance : Chambéry, le col des Prés... Ton bucheron et sa Jeannette ils habitent dans les Bauges, où le loup est revenu; mais point d'échaudé : l'a eu trop peur

     

    dominique

      • Mercredi 25 Novembre 2015 à 11:04

        Réponse   à   LMPT 73 - -

        ah, ton commentaire me plait bien !

        En principe, pour un conte, je préfère supprimer toutes mentions précises de date ou de lieu

        de telle sorte que l'action se passe en un lieu et un temps totalement imaginaire 

        et prenne ainsi une dimension presque universelle.

        Mais là il m'a plu de déroger à cette règle

        et ton commentaire me dit que je n'ai pas à le regretter !  Merci. Bonne journée.

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