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    Aujourd'hui, voici un conte complètement loufoque,

     

    uniquement pour le plaisir de délirer un petit coup ! 

     

     

     

    Le jardin de la belle El Ghalia Bent El Mansour


     


    Il était une fois un homme de bien

    qui possédait sept femmes et sept juments. 

    Les unes et les autres étaient stériles.

    Le maître se désolait lorsqu'il parcourait le souk. 

    Il regardait avec attendrissement les pères et les fils déambuler de concert

    en échangeant paroles douces comme le miel et sourires empreints de respect.

     

    Un beau jour, il alla trouver un docteur juif

    et lui demanda ce qu'il devait faire pour connaître enfin les joies de la paternité.

    Le vieux juif lui conseilla de prendre une huitième épouse et d'acheter une huitième jument.

    Ce qu'il fit !

     

    La première année, sa première femme lui donna un premier fils,

    et sa première jument, un premier poulain. 

    Il en fut ainsi chaque année pour chacune de ses femmes et chacune de ses juments.

      

     

    La huitième année,

    la huitième femme lui donna un huitième fils, le plus aimable qui soit.
    La huitième jument engendra un poulain

    qui était le plus vif et le plus rapide que l'on eût jamais vu.

     

     

     

    - Conte du mercredi - Le jardin de la belle El Ghalia Bent El Mansour -

     

     

     

    L'homme de bien était devenu un homme comblé.

     

    Mais les qualités de son benjamin suscitaient la jalousie de ses aînés.

    Ils bouillaient en le voyant toujours briller en société,

    et gagner toutes les courses avec son cheval. 

    Ils allèrent un jour se confier à leur vieille nourrice qui s'était retirée non loin du souk.

    Celle-ci se rendit auprès de son ancien maître, parla de choses et d'autres,  

    du temps, de la récolte des dattes à venir,

    des caravanes qui faisaient halte aux portes de la ville,

    des esclaves noirs et chrétiens qu'on vendait sur le marché.

     

    Puis elle lui demanda :
    - Sais-tu quel fils t'aime le plus ?


    L'homme de bien sourit avec indulgence, et pour ne pas blesser la nourrice, dit :

    - Je ne sais pas !
    - Eh bien, dit la nourrice, fais semblant d'être malade 

    et demande à tous tes fils de t'apporter, pour te guérir,

    les fruits du jardin de la belle El Ghalia Bent El Mansour.

     

    L'homme se prêta au jeu.

    Les fils se récusèrent les uns après les autres.

    À l'exception du dernier, qui promit de se mettre en quête dès le lendemain. 

    Le père ordonna à ses frères d'accompagner le benjamin, pour le protéger,

    leur fit remettre une somme d'argent pour pourvoir aux frais du voyage,

    car ce voyage promettait d'être difficile, long et dangereux.

    Le lendemain, les huit frères se mirent en route.

     

    En traversant la première ville rencontrée, les aînés vendirent leurs chevaux, et ouvrirent un commerce. 

    Seul le plus jeune poursuivit sa route. Après avoir parcouru le pays en tous sens,

    il se prépara à passer la nuit sur un rocher dominant une vaste grotte.

    Comme le sommeil le gagnait, il entendit du bruit. Ouvrant les yeux

    il vit un troupeau de moutons pénétrer dans la grotte.

     

     

          montagne-grotte.jpg

     

     

     

    Le berger n'était autre qu'une vipère énorme !

    De saisissement, le jeune homme fit un geste brusque.

    Il heurta son sac de voyage.

    Ses provisions roulèrent vers la vipère. 

    Cette dernière s'en délecta. Puis satisfaite, elle déclara

    qu'elle était prête à exaucer le moindre voeu de l'homme qui avait calmé son appétit.

     

    Le jeune homme s'empressa de se montrer.

    Il lui dit qu'il voulait se rendre au jardin de la belle El Ghalia Bent El Mansour !

     

    - Rien de plus facile, dit la vipère :

    le chemin qui mène à ce jardin passe par ma gueule.

    Tu devras prendre garde aux deux montagnes qui closent mon gosier :

    il se ferme et s'ouvre si vite ....

    que tu serais broyé s'il se refermait sur toi !

    Si tu échappes à mon gosier et aux éléments déchaînés,

    tu parviendras au jardin de la belle El Ghalia Bent El Mansour !


    La vipère ouvrit son énorme gueule.

    Le cheval, d'un bond, entra à l'intérieur. 

    Le jeune homme jeta son cheval dans le défilé du gosier :

    ils n'eurent que le temps de passer. 

    La queue du cheval fut coupée net quand les deux montagnes se refermèrent.

     

    La route fut longue jusqu'au jardin de la belle El Ghalia Bent El Mansour. 

    Les pierres roulaient vers eux,

    les arbres et les plantes se tordaient pour les étouffer,

    le vent rugissait,

    des vagues monstrueuses tourbillonnaient. 

    Le jeune homme avançait toujours.

     

    Il parvint enfin devant un mur derrière lequel se dressait un château.

    Ce château était de marbre vert, avec une porte d'or.

    Il était couvert d'une grande coupole de jade. 

    Un corbeau, perché sur cette coupole

     tenait dans son bec une clé en or,

    et lui dit :

     

    - Je suis le gardien du jardin de la belle El Ghalia Bent El Mansour.

    Pour entrer, il te faudra me tuer. Voici un fusil et six balles.

    Si tu me rates six fois, la terre t'avalera !

    Le jeune homme prit le fusil.

    Il rata une première fois le corbeau.

    Il s'enfonça dans le sol jusqu'aux chevilles.

    Il tira une seconde balle et rata de nouveau le corbeau.

    Il s'enfonça jusqu'au genoux.

     

    Il tira une troisième balle.

    Le corbeau tomba, et la clé d'or avec.

    La terre se mua en sable, et le jeune homme se dégagea.

     

    Il pénétra dans le parc du château.

    Il sentit qu'on lui touchait le bras, et se retournant, il vit une esclave

    qui lui dit :

    - Ma maîtresse, la belle El Ghalia Bent El Mansour,

    dort depuis quatre jours. Tu devras attendre quatre jours pour la rencontrer,

    car elle veille huit jours, et dort ensuite pendant huit jours.

     

    - Je n'ai pas le temps d'attendre, dit le jeune homme :

    mon père est malade et je dois lui ramener au plus vite

    les fruits du jardin de la belle El Ghalia Bent El Mansour !


    Sans écouter les protestations de l'esclave,

    il se rendit au jardin, et y emplit son sac de fruits.

    Avant de partir, il prit son poignard, se coupa le doigt,

    et écrivit son nom sur le mur.

     

    Il reprit le même chemin.

    Il franchit de nouveau le gosier du monstre.

    Puis il partit vers la ville où il avait laissé ses frères.

    Ceux-ci vendirent leur commerce, achetèrent de nouveaux chevaux,

    et prirent le chemin de la maison du père.

     

    En cours de route, l'aîné se plaignit de la soif.

    Le benjamin chercha un puits, et en trouva un.

    - Il n'y a plus une goutte d'eau dans ce puits, s'exclama l'aîné !

    Le benjamin se pencha.

    Les frères le firent basculer dans le puits

    et sans  plus attendre, ils gagnèrent la demeure du père.

     

    L'homme de bien contempla les fruits du jardin de la belle El Ghalia Bent El Mansour.

    Il les tourna et les retourna dans sa main.

    Mais son coeur était triste 

    car les aînés avaient prétendu que le benjamin les avait quittés

    pour mener joyeuse vie, dépensant sans compter son argent

    avec des gens de peu et des femmes impures.

     


    Pendant ce temps, la belle El Ghalia Bent El Mansour s'était éveillée.

    Mise en fureur par la disparition des fruits, elle fit couper la tête de son esclave.

    Elle partit ensuite à la recherche de son voleur.

     

    Son cheval franchit la gueule de la vipère d'un bond, sans même avoir touché le sol.

    En chemin, la belle El Ghalia Bent El Mansour, qui comprenait le langage des oiseaux,

    les entendit vanter les mérites d'un jeune homme qui avait affronté bien des dangers

    pour rapporter à son père des fruits destinés à le guérir d'une maladie terrible. 

    Elle reconnut le nom de son voleur ! Alors le fiel de sa colère

    se mua peu à peu en miel.

     

    Parvenue chez le père, elle se présenta et exigea de voir son voleur.

    Les frères, qui redoutaient sa vengeance, s'empressèrent de nier être l'auteur du larcin.

    Le père se fâcha et déclara que, s'ils ne lui disaient pas la vérité,

    il leur ferait couper la tête.

    Honteux, les frères confessèrent avoir assassiné le benjamin.

     

    Aussitôt, le père organisa une caravane pour ramener le corps de son fils.

    Il trouva un puits. 

    Devant ce puits, un cheval à la queue coupée hennissait de douleur. 

    Quelle ne fut pas la surprise du père en apercevant le jeune homme

    retenu par une toile d'araignée !

     

     

     

      cheval-puits.jpg

     

     

    La belle El Ghalia Bent El Mansour épousa son voleur

    et fit grâce aux sept frères !

     

     

     

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    Février...

     

    Timidement, le soleil remonte dans le ciel,

    et semble moins pressé, durant l'après-midi,

    de disparaître au loin dans un voile de brume.

    L'espoir de son retour  devient plus assuré.

    Je veux le saluer, le louer, l'encourager.

     

     

    Voici  pour lui quelques vers

    commis voici trois années.

     

    Bonne journée à tous.

     

     

     

     

     

     

     

     

    Supplique au soleil

    pour qu’il revienne

     

     

     

    Il est bien surprenant de parler du soleil

     

    Dans toute sa splendeur, tout en haut dans le ciel

     

    Alors qu’il est si pâle, et qu’il se lève à peine

     

    Dans un air bien trop froid qui blanchit notre haleine.

     

     

     

    Bientôt il reviendra réchauffer les sous-bois

     

    Il  mettra sans pitié le dur gel hors la loi,

     

    Réveillera les mousses, fleurira les violettes,

     

    Fera chanter d’amour les gentilles fauvettes.

     

     

     

    Nous pourrons retourner dans les vertes prairies,

     

    Explorer les sentiers qui bordent les taillis,

     

    Où se cachent les pervenches et les glorieux narcisses

     

    Dont les vives couleurs enchantèrent Matisse.

     

     

     

     

    Nous irons sur les plages, près de la mer immense,

     

    Nous irons dans les Alpes, nous irons en Provence,

     

    Nous chanterons la joie du soleil revenu

     

    Et du froid de l’hiver ne nous souviendrons plus.

     

     

     

    Kasimir

    Février 2012.

     


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  • Conte : un vieil homme se tenait à la porte d'une ville  

     

                                                                                  ***

     

    Il semble avoir été raconté par Robert Ingersoll

    un prêcheur presbytérien, qui a vécu de 1833 à 1899.

     

    ***

      

     

    Il était une fois un vieil homme,  assis à la porte d'une ville. 

     

     

     

      conte

     

     

    Un jeune homme s'approcha de lui et lui dit :   

    " Je ne suis pas d'ici, je viens de loin ;  

      dis-moi, vieil homme, comment sont les gens qui vivent dans cette ville ? "

     

    
Au lieu de lui répondre,  le vieil homme lui renvoya la question :    

    " Et dans la ville d'où tu viens,  

      comment les gens étaient-ils donc ? " 

     

    Le jeune homme aussitôt, plein de hargne, lui répondit : 

      " Egoïstes et méchants,  

        au point qu'il m'était impossible de les supporter plus longtemps !  

        C'est pourquoi j'ai préféré partir ! "   
 

      

    Le vieil homme lui dit :  

    " Mon pauvre ami, je te conseille de passer ton chemin:  

      les gens d'ici sont tout aussi méchants 

      et tout aussi égoïstes ! " 

     

     

    Un peu plus tard,  

    un autre jeune homme s'approcha et dit : 

    " Salut, ô toi qui es couronné d'ans !  

      Je débarque en ces lieux ;  

      dis-moi :  

      comment sont les gens qui vivent dans cette ville ? " 

     

    
Et le vieil homme de le questionner à son tour : 

    " Dis-moi d'abord,   là, d'où tu viens,

      comment les gens étaient-ils ? " 

      

     

    Le jeune homme, dans un grand élan, répondit :   

    " Honnêtes, bons et accueillants !  

      Je n'avais que des amis;  

      oh, que j'ai eu de peine à les quitter ! " 

     

    
Le vieil homme lui répondit :  

    " Eh bien, ici également,   

      tu ne trouveras que des gens honnêtes,   

      accueillants et pleins de bonté. " 

     

     

    Un marchand faisait boire ses chameaux non loin de là,  

     il avait tout entendu,  s'approcha et dit :   

    " Comment est-il possible,    ô vieil homme que je prenais pour un sage,  

      que tu donnes, à la même question,  deux réponses aussi diamétralement opposées ?  

      

    " Mon fils, déclara le vieil homme,  

      chacun porte en son cœur son propre univers.  

      Et il le retrouvera en tous lieux. 

      Ouvre ton cœur, change ton regard sur les autres  

      et le monde sera changé." 

     

     

     ***

     

    J'ai déjà publié ce conte en 2010. J'ai reçu alors .... de nombreuses protestations.                                                                                                                     Et c'est vrai, les paroles (faciles) de ces vieux personnages, soit disant "sages", ou qui se croient tels, sont particulièrement irritantes.               Le commentaire le plus révolté vint d'une certaine Marie-Pierre, disparue depuis de mon blog  ( je ne sais ce qu'elle est devenue ).  

    J'aime bien ce genre de commentaire qui exprime sans fard ce que pense et ressent celui qui écrit, sans crainte, et sans souci de plaire ou de déplaire à celui qui a écrit l'article.             

    Voici ce que disait Marie-Pierre :

     

    

Chacun porte en son cœur son propre
 univers  et il le retrouvera en tous lieux.




    Peut-être vrai pour certains …


à certains moments de la vie …


heureusement ou malheureusement ?


 


 

    Je ne vais pas partir Kasimir dans la direction à laquelle tu penses. Ce texte m’agace prodigieusement !!!!


 Que de belles paroles !


 


Ouvre ton cœur, et ton regard sur les 
autres et le monde sera changé.


 Alors il suffirait d’avoir la VOLONTE pour changer les choses ?


 Tiens tiens, allez donc raconter cela à un chômeur en fin de droits, 


à une femme battue ou à des gamins dans la misère  ! Encore faudrait-il disposer des conditions matérielles, affectives, sociales, culturelles


 pour changer les choses …


belle devise pour les Lions, Rotary, Kiwanis and co !


 


 


Le bonheur n'est pas une récompense mais une 
conséquence. 


Oui, le bonheur est une conséquence, 


une conséquence d’un ensemble de
 conditions. On ne 
choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille, 


être
 né quelque part …


pour
 celui qui est né, 


c’est 
toujours un hasard


.

    


 


La souffrance n'est pas une punition mais un
 résultat.

    Et ben il ne manque pas d’air Bouddha ! Serions-nous assez bargeot pour nous infliger des souffrances ?


                                             Non …


ou peut-être seulement en partie…




    Ce n’est pas une punition non plus


, c’est un état par lequel on passe pour comprendre le sens de la vie


 ( je te fais hurler là ? )


         


alors … les alléger en ouvrant son cœur et en changeant son regard


… d’accord,                                                                                              mais en fournissant le mode d’emploi et le matériel à tout le monde !!!


 




     

     ***

     Ce récit, que je vous propose (à nouveau, pour ceux qui l'on déjà lu) n'a pas vraiment déclenché d'enthousiasme en moi.

    De ce fait j'ai pensé qu'il allait peut-être vous ennuyer un peu, vous attribuant ainsi mes propres pensées !

    Mais il m'a poursuivi, et je me suis demandé qui j'étais dans cette histoire. Voyons, il y a au moins 6 personnages : le vieil homme, les deux jeunes voyageurs, l'homme qui fait boire ses chameaux, Marie-Pierre (puisque j'ai choisi de ne conserver que son commentaire) et Robert Ingersoll, qui racontait cette histoire à ses ouailles ! 

    Il se pourrait que je sois alternativement l'un ou l'autre. Ou même, pour être honnête, si je m'en réfère à mes sentiments récents, ai-je été plus proche du premier voyageur. Je me suis senti soudain directement mis en cause.

    Je me suis retrouvé... sur le grill.

    Les flammes étant les questions que je me suis posées à moi-même.

    Comprenne qui pourra.

     

    Je ne sais ce qu'il en sera pour vous.

     

     ***

     

     

     

     

     


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    Tu déboules, ma vie…

     

     

     

     

    - Poésie : "Tu déboules, ma vie" -

     

     

     

     

     

    Tu déboules, ma vie, comme les eaux d’un torrent

    Tu me jettes en la pente vertigineuse du temps

    Moi qui ne croyais faire qu’un pas après un pas…

    Pourquoi vas-tu si vite ? Pourquoi n’attends-tu pas ?

     

     

    Quand je crois me poser en un lac tranquille

    à peine je m’imagine pouvoir m’installer

    Sans même crier gare, dans mes murs si fragiles

    Tu retires une pierre, et vois : tout est changé.

     

     

    Où me conduis-tu donc ? Est-ce vers le Paradis ?

    Jamais tu ne m’amènes au lieu que j’ai choisi

    Je rêvais de campagne… tu m’installes à Paris

    Le train de mes désirs… las !  il ne m’a pas pris.

     

     

    Dois-je te faire confiance ? Sais-tu où tu m’emportes ?

    Mais c’est toi qui m’as mis, ici, sur cette Terre

    Je veux donc bien te suivre, et franchir cette porte

    Qu’un jour tu m’ouvriras : c’est toi qui es ma mère.

     

     

    *** 

     


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    Rappel

     

     

    Elle l'a pris par la main

     l'a guidé par un chemin qu'elle seule connaissait 

    et l'a emmené dans son château, 

    dans le  château de son amour, 

    où ils ont préparé la noce.

     

     

    ***

     

    Nous en étions arrivés là.

    Et voici que l'improbable se produit : 

     

    Mais il a pensé à son père et à ses frères et est parti les chercher.

    Avant de partir, il a dit à sa femme de ne pas sortir du château,

    car il avait appris qu'il y avait une sorcière qui en était jalouse et la détestait.

    Puis il est parti.

     

    Quel étrange abandon ! 

    Sa femme est en danger, et il la laisse...

    pour aller, dit-il, chercher son père et ses frères.

    C'est vrai que ces trois là auraient été bien... surpris 

    de la réussite de ce pauvre " incapable " de petit dernier !

    Lequel  n'a pas même un portable pour les prévenir et les inviter.

     

    Quand la sorcière a vu qu'il était parti, 

    elle s'est déguisée en marchande et est venue au château.

    Mais la jeune femme n'a pas voulu lui ouvrir. 

     

    Elle a insisté, 

    elle vendait des peignes, des rubans, de la dentelle. 

    Elle a frappé à la porte, elle est repassée sous les fenêtres.


    La jeune femme a fini par ouvrir une fenêtre, mais elle n'a rien voulu acheter.



    Alors la vieille lui a dit :

    «Oh, comme tu as de beaux cheveux !

    Laisse-moi au moins caresser tes cheveux ! » 

    La jeune femme a bien voulu.


    Alors la vieille en a profité pour lui enfoncer dans la tête une aiguille ensorcelée.


    Et la jeune femme s'est transformée en colombe, 

    et la colombe s'est envolée par la fenêtre.
    Elle est montée très haut dans le ciel, 

    mais comme elle ne savait pas où aller, elle est redescendue 

    et s'est posée sur le bord du bassin. 

    Le jardinier l'a vue, l'a prise et l'a mise dans une cage en or.

     

    Ah, FAN, si tu me lis, 

    ne va pas plus loin car j'ai, selon ma mauvaise habitude, l'envie de m'interroger.

     

    Comment une jeune femme, 

    qu'il me plaît de supposer intelligente

    peut-elle ainsi se transformer en colombe ?

    Que peut donc signifier cette étrange métamorphose ?

    Elle était enfermée dans une orange, et maintenant devient un oiseau.

    Un ange, quoi.

     

    Moi, je ne puis m'empêcher de m'imaginer quelques scénarios

    qui me permettraient de relier cette histoire "à rêver debout"

    avec ce que je sais de l'histoire concrète de certains.

    Scénarios qui joueraient en somme le rôle

    des 68 piles du pont de l'île de Ré,

    reliant l'île au continent.

     

    Non, je ne vais pas vraiment construire de pont :

    seulement enfoncer quelques pilotis

    entre le rêve et le réel.

     

     

    - Conte : l'aiguille enfoncée dans la tête - 7 -

     

    Cette jeune épousée (même pas !) se sent un peu perdue.

    inquiète ?

    S'ennuie-t-elle ?

    Dans ce cas bien des dames font quelques achats, souvent de vêtements.

    Elle résiste contre cette anodine tentation.

     

    Qui lui en veut ?

    On jalouse son jeune bonheur.

    On va chercher à la dévier de sa route.

    On va lui expliquer que le salut est ailleurs.

    Pour cela, il faut la flatter : c'est la tactique du renard de la fable.

    "Oh, comme tu as de beaux cheveux ! Laisse-moi au moins les caresser !" 

    Et finalement elle se laisse faire.

    Car elle a besoin de présence, de gentillesse, de tendresse. 

    C'est par exemple ce que font tous les rabatteurs de sectes, si gentils, si fraternels !

    Mais à peine les a-t-on laissé commencer à nous caresser dans le sens du poil

    qu'ils en profitent pour nous enfoncer quelque chose dans la tête :

    l'idée que notre famille ne vaut rien, ni la société,

    qu'il faut nous séparer de tout cela,

    de notre métier même,

    de nos plaisirs

    de nos amis

    du sexe

    de nos sous !

    C'est diabolique !

    Alors ça y est : le poisson est ferré.

    On lui a fait croire que les idées de la secte vont gouverner le monde.

    Ce sont des principes  religieux "élevés", spirituels, admirables , qui volent haut, divins,

    et celui qui se laisse prendre à ce jeu croit qu'il monte au ciel,

    très haut au dessus de la condition ordinaire.

    On ne le reconnaît même plus,

    voici : il parle à Dieu.

    Il est "ailleurs".

     

     

     

    Quand le mari de la princesse est revenu, il n'a pas trouvé sa femme, 

    et personne n'a pu lui dire où elle était. 

    Il est resté là, tout triste.

     

     

    - Conte : l'aiguille enfoncée dans la tête - 7 -

     

     

     

     

     

    Il ne retrouve plus sa femme :

    elle est perdue dans un rêve religieux, mystique.

    Elle plane et n'est pas loin de délirer.

     

    On lui dit : passe-moi le sel, et elle répond :

    Jésus, Jésus ! ou Krishna Krishna !

    ou n'importe quel mantra bizarre.

    Elle n'est plus dans le réel.

    Une colombe du ciel,

    très haut, 

    très haut.

     

    Il a vu la colombe dans la cage.

    Il a pris la cage, en a ouvert la porte. 

    Mais la colombe n'est pas sortie. 

    Il a mis la cage ouverte à la fenêtre, 

    mais la colombe n'est pas partie. 

    Il a pris la colombe, et lui a montré le jardin, les arbres, 

    mais elle ne voulait pas s'envoler.

     

    Alors il l'a caressée. 

    Et il a senti dans sa tête une épingle qui y était enfoncée.

     

    Cet homme a trouvé la bonne méthode pour guérir ce genre d'égarement. 

    La seule méthode : la parole, l'écoute,

    la patience, la tendresse humaine.

    Trouver l'aiguille, la retirer.


    Il l'a retirée. 

    Alors la jeune femme est réapparue. 

     

     

    Après cela, tout a été simple. 

    On a fait des noces magnifiques, où l'on n'a pas invité la sorcière.

     

    Mais moi, j'y ai été invité.

    Et j'y ai tellement dansé que j'en ai usé mes souliers !

     

     

     

     

    - Conte : l'aiguille enfoncée dans la tête - 7 -

     

     

     

    En fait, j'ai dit assez de bêtises

    et je m'arrête.

     

     

     

    ***

     

     

     

     


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